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II
AVERTISSEMENT.

des poètes de la nature. Mais il ne suffit pas d’être tailleur, maçon, cordonnier, pour y avoir droit d’entrée ; il faut, avant tout, avoir fait ses preuves d’ignorance, et n’être sorti de cette ignorance que par des efforts personnels, sans autre guide que la vocation. Reboul et Hégésippe Moreau avaient reçu trop d’instruction pour prendre place ici. Nous avons dû épier avec une vive sollicitude les circonstances qui ont donné Féveil à cette vocation, et, en les rapportant fidèlement, nous faisons assister nos lecteurs à l’éclosion naturelle du génie.

Les événements de la vie commune ont une grande influence sur la vie littéraire de ces pauvres gens qui, pour la plupart, ne peuvent compter sur le pain du lendemain. Mais les anxiétés poignantes, la misère, la faim même ne peuvent entamer que faiblement ces robustes natures, constamment vivifiées par la flamme de la poésie.

Le travail que nous publions ici sur ces poètes originaux nous vaudra, sans doute, les sympathies des hommes, assez nombreux aujourd’hui, qui placent au dessus de tout, le triomphe du caractère et de l’intelligence. Il