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GUIDE TOPOGRAPHIQUE DU VISITEUR

sur la solive horizontale supérieure, adossé à la muraille, pouvait assembler le lien par le côté à coups de maillet, en ayant le soin de le retenir préalablement à l’aide d’un bout de corde[1].

Les trous des solives dans les crénelages du Château, étant plus petits que ceux des constructions datant du xiiie siècle, expliquent ce surcroît de précautions, destiné à empêcher les bois en bascule de fléchir à leur extrémité. On observera encore que les créneaux du Château sont hauts (2 mètres), c’est que le plancher des hourds était posé à la base même de ces créneaux, au lieu d’être, comme au xiiie siècle, posé à 0 m. 30 au-dessus du sol de chemin de ronde. Il fallait donc passer par ces créneaux comme par autant de portes et leur donner une hauteur suffisante pour que les défenseurs pussent se tenir debout dans les galeries des hourds.

Linteaux en béton. — Nous ne devons pas passer sous silence un fait très curieux touchant l’histoire

  1. Du chemin de ronde, les charpentiers faisaient couler par le trou inférieur une première pièce A, puis une seconde pièce B, en bascule. L’ouvrier, passant par le créneau, se mettait à cheval sur cette seconde pièce B, ainsi que l’indique le détail perspectif B’, puis faisait entrer le lien C dans son embrèvement. La tête de ce lien était réunie à la pièce B par une cheville ; un potelet D, entré de force par derrière, roidissait tout le système. Là-dessus, posant des plats-bords, il était facile de monter les doubles poteaux E entre lesquels on glissait les madriers servant de garde antérieure, puis on assujettissait la toiture qui couvrait le hourd et le chemin de ronde, afin de mettre les défenseurs à l’abri des projectiles lancés à toute volée. Des entailles G, ménagées entre les madriers, permettaient de viser.