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[ ARMURE ]
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L’écu en amande est très-long[1] et peut cacher l’homme à pied, pour peu qu’il se baisse ; il est muni d’un umbo très-saillant (fig. 8[2]). La cotte de mailles n’est fendue que par devant et par derrière, ainsi que la jupe du gambison, pour laisser les jambes libres et couvertes lorsque l’homme d’armes est à cheval.

L’épée, large au talon, pointue, moyennement longue (80 centimètres environ), est portée la poignée un peu en avant de la hanche gauche et le fourreau incliné, mais de manière à ne pas dépasser l’aplomb postérieur de la cotte d’armes.

Plus tard, de 1180 à 1200, le haubert descend au-dessous des genoux ; ses manches sont justes, et les mains sont couvertes de gants de peau ; mais le capuchon, fait de peau, est en partie couvert de mailles à la nuque, sur les joues et au menton. L’épée est longue, tombe verticalement le long de la jambe gauche, et est attachée à un ceinturon qui serre le haubert à la hauteur de la taille.

Le hiaumet affecte des formes variées : il est ou conique, comme dans l’exemple figure 8, mais sans couvre-nuque, ou en forme de demi-sphère, ou bombé, avec rebords, ou pointu, avec nasal fixe ou mobile. Le haubert de mailles est fendu devant et derrière jusqu’à la hauteur de l’entre-cuisses, et latéralement jusqu’à la hauteur de la main étendue. La jupe du gambison est fendue de la même manière. Un camail de mailles recouvre le haubert et s’attache sur un capuchon de peau. Les jambes sont armées de mailles sur le tibia, ou vêtues de jambières de cuir piqué avec souliers et éperons. L’écu est triangulaire, très-concave et large au chef, dont les angles sont arrondis. La cotte d’armes et le gambison se séparaient donc en quatre parties lorsqu’on montait à cheval. Cette cotte maillée s’attachait sous le camail par devant, au moyen de quelques boutons, mais plus souvent était lacée derrière le cou jusqu’au milieu du dos (fig. 9[3]). On disait alors fervestir pour s’armer ; et « tant de fervestis », comme plus tard on disait « tant d'armures de fer », pour indiquer une troupe d’hommes d’armes à cheval :


« Li vassaus monte qu’il ot le cuer hardi
« A bien set cens chevaliers fervestis[4]. »

  1. Voyez Écu.
  2. Bronze de la collection de M. le comte de Nieuwerkerke ; vitraux de Chartres ; statue du Courage, portait principal de la cathédrale de Chartres.
  3. Statue tombale de 1195 environ, musée de Niort ; manuscr. de la même époque ; manuscr. Biblioth. nation, Psalt, latin, n°8846 (premières années du xiiie siècle.
  4. Li romans de Garin le Loherain, t. i, p. 69.