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Dès l’époque de Charlemagne, les hommes d’armes portaient le camail de peau, ainsi que l’indique le jeu d’échecs faisant partie du cabinet des médailles[1] et provenant du trésor de Saint-Denis. Les pions de ce jeu, qui sont représentés par des fantassins, sont revêtus d’un large camail, sorte de goule avec ouvertures latérales pour passer les bras. Un casque de métal (bronze

probablement), muni d’un nasal, protège la tête, et porte sur le capuchon de peau entaillé pour laisser la vue libre. Le camail est complètement recouvert de plaques de métal, comme de tuiles, et ne descend qu’à la hauteur des hanches. Par-dessus, est une cotte d’étoffe dont le bas atteint les genoux. Ce fantassin porte un large bouclier en amande (fig. 1).

Les chevaliers normands et saxons représentés sur la tapisserie de Bayeux ont la tête couverte du camail tenant à la cotte d’armes (voy. Broigne). Le haubert de mailles, adopté vers 1180, possède son camail, qui est fait de même ou quelquefois de peau, enveloppe exactement la tête et ne laisse que le visage à découvert ; encore couvre-t-il la bouche. Vers cette époque, ce camail est souvent posé sur un serre-tête de peau (voy. Armure, fig. 9 et 13), ou est fortement rembourré en manière de couronne, à la hauteur des tempes, pour recevoir l’énorme heaume alors en usage et l’empêcher de vaciller on de

  1. Biblioth. nation. Voyez Armure, fig. 1 et 2.