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Quand, au moment d’engager la bataille devant Navarette, le prince de Galles donna le commandement de son troisième corps d’armée à Chandos :

« Les escus acolez chevauchent fierement
La baniere Chando dréceront en présent[1]. »

Comme signe de son commandement général, le prince de Galles

« Sa baniere faisoit porter moult noblement
De France et d’Angleterre painte joliement :
La baniere d’Espaigne y estoit eu présent[2]. »

A la fin de la bataille de Poitiers, le prince de Galles, emporté par son ardeur à poursuivre les Français en déroute, laisse ses gens se débander. Jean Chandos comprend le danger auquel s’expose le prince et le péril que ferait courir aux Anglais, peu nombreux, un retour offensif de l’ennemi : « Sire, dit-il au prince, c’est bon que vous vous arrêtez si et mettez votre baniere haut sur ce buisson ; si se retrairont nos gens qui sont durement épars ; car, Dieu merci, la journée est vôtre, et je ne vois mais nulles bannières, ni nulz pennons françois, ni convoy entre eux qui se puisse rejoindre ; et si vous rafaîchirez un petit, car je vous vois moult échauffé. A l’ordonnance de Monseigneur Jean Chandos s’accorda le prince, et fit sa bannière mettre sur un haut buisson, pour toutes gens recueillir, et corner ses ménestrels, et ota son bassinets[3]. » Ainsi, la bannière servait de point de ralliement après une action, comme elle montrait la voie avant et pendant l’action.

Cette bannière du prince de Galles, aux 1er et 3e de France, aux 2e et 4e d’Angleterre, est représentée, ainsi que le fait voir la figure 10, dans le manuscrit des Chroniques de Froissart de la Bibliothèque nationale[4]. Ce chevalier porte-bannière est armé d’une brigantine piquée sous une pansière d’acier, d’avant et arrière-bras , avec rondelles aux aisselles et épaulettes de floches de soie ou de laine rouge. Une salade avec bavière couvre sa tête. Ses jambes sont armées de fer entièrement, avec tassettes de devant et braconnière de dossière recouvrant le troussequin de la selle. Une autre vignette du même

  1. La Vie du vaillant Bertrand du Guesclin, vers 11532 et suiv.
  2. Ibid., vers 11857 et suiv.
  3. Froissart, Chroniques.
  4. du xve siècle.