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CONCLUSION.

« … Et toutesfois c’est aujourd’huy plus grant honneur d’avoir esté en telle escole (à Rome) que ce n’estoit anciennement d’avoir esté en celle d’Athènes, remplie de tant et de si grands philosophes ; voire tant plus un François sera romanizé, ou italianizé, tant plus tost il sera avancé par les grands seigneurs, comme ayant très bien estudié, et pour ceste raison estant homme de service, par le moyen de ceste messinge de deux naturels ; comme si un François de soy-mesme ne pouvoit estre assez meschant pour estre employé en leurs bonnes affaires. »

Si la noblesse et la bourgeoisie vivaient dans des demeures bien pourvues de tout le nécessaire et même du superflu, les petits marchands, les artisans, et surtout les paysans, n’avaient qu’une existence fort précaire. Dans les villes, le menu peuple habitait des chambres louées dans lesquelles s’entassait une famille entière. Le même lit recevait le père, la mère et les enfants ; ou bien, dans un angle de l’unique pièce qui servait de chambre à coucher, de cuisine et de salle, des cases superposées, comme des tiroirs, recevaient les membres de toute une famille, depuis l’aïeul jusqu’au petit-fils ; de grands volets glissant sur galets fermaient ces lits posés les uns sur les autres. On peut se figurer ce que devaient être ces intérieurs, souvent exigus, donnant sur des rues étroites, dans lesquelles le soleil ne pénétrait jamais, et traversées par un ruisseau puant et recouvert de planches ou de dalles disjointes. La peste, inconnue de nos jours dans les villes de l’Europe, faisait invasion parfois au milieu de ces demeures et enlevait en quelques jours un cinquième de la population. Les écoliers et les ouvriers qui ne demeuraient pas chez les patrons, couchaient dans des maisons garnies, sur la paille ou sur des grabats fourmillant d’insectes. On peut encore prendre une idée de ce qu’étaient ces habitations, si l’on parcourt certains quartiers de Paris, comme le faubourg Saint-Marceau, les alentours de Sainte-Geneviève, la Cité, et quelques-unes de ces rues, heureusement devenues rares, qui se croisaient en tous sens dans le centre de Paris il y a quelques années. Nous avons vu encore, dans la rue des Gravilliers, des Ménétriers, Simon-le-Franc, de la Grande-Truanderie, du Grand-Hurleur, du Mouton, etc., des maisons n’ayant que deux fenêtres de façade sur la voie, habitées par des familles nombreuses du rez-de-chaussée au cinquième étage, et dont tout le mobilier consistait en un lit, deux chaises, une table et un coffre, ne possédant qu’un escalier étroit, sombre, couvert de boue et d’ordures. Beaucoup de ménages n’avaient même pas une cheminée pour faire cuire leurs aliments et devaient aller