Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance (1873-1874), tome 1.djvu/469

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VIE PRIVÉE DE LA HAUTE BOURGEOISIE



Si, de nos jours, quelques industries nouvelles se sont élevées, s’il en est d’anciennes qui se soient perfectionnées, il en est plusieurs qui n’ont fait que décroître depuis le xvie siècle. Les corps de métiers avaient l’inconvénient de maintenir la main-d’œuvre à un prix élevé, de composer une sorte de coalition permanente, exclusive, jalouse, et toujours en situation de faire la loi à l’acheteur ; mais ces corps conservaient les traditions, repoussaient les incapacités ou les mains inhabiles. La main-d’œuvre, n’ayant pas de concurrence ruineuse à craindre, tenait à la bonne renommée qui faisait sa richesse et lui assurait le travail de chaque jour. Il faut bien reconnaître qu’en France nous ne savons pas user de la liberté avec la discrétion et la tenue qui peuvent seules en garantir la durée, et qu’une barrière n’est pas plutôt renversée, que tout le monde veut la franchir en même temps sous peine de passer les uns sur les autres. Les industries affranchies de toute entrave par les principes de 1789 se sont bientôt livrées à une concurrence effrénée, à ce point que plusieurs ont cessé d’inspirer la confiance, et ont vu les demandes cesser peu à peu, surtout à l’étranger, à cause de l’infériorité de la fabrication. Aucun peuple ne sait faire d’aussi bonnes lois que nous, mais aucun peut-être ne sait moins s’y soumettre. Nos chefs d’industrie sont très-capables, nos ouvriers sont pleins d’intelligence ; mais, dans le cours ordinaire des choses, maîtres et ouvriers se contentent d’à peu près. S’il s’agit d’une exposition industrielle, de paraître devant les autres nations, la plupart de nos fabricants