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[ BAHUT ]
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nions, comme de nos jours on s’assied sur des banquettes[1]. L’aspect tant soit peu sévère du bahut primitif (fig. 1)[2] correspondait à celui des armoires, c’est-à-dire que ces meubles étaient composés d’ais de bois, décorés seulement d’une simple gravure, de filets par exemple, comme celui-ci, et de ferrures plus ou moins riches, destinées à maintenir solidement les planches entre elles. Le bahut s’élève bientôt sur quatre pieds, formant des montants dans lesquels les planches viennent s’embrever (fig. 2)[3] Des ferrures posées aux angles relient ces montants avec les parois. La miniature dont nous donnons ci-contre un fac-similé montre le bahut ouvert, rempli d’argent. Le personnage déguenillé assis devant le meuble en tire un sac d’écus offert en échange d’un vase d’or qu’il semble peser de la main gauche, et qu’un second personnage paraît donner en gage.

Du temps d’Étienne Boileau, c’est-à-dire au XIIIe siècle, les huchers ou huchiers faisaient partie de la corporation des charpentiers ;

  1. Voyez Brantôme, Vies des hommes et femmes illustres.
  2. Ce bahut provient de l’église de Brampton (Northamptonshire), et parait dater des dernières années du XIIe siècle. Nous le choisissons entre beaucoup d’autres, parce qu’il conserve encore la forme primitive du coffre de voyage. À cette époque, d’ailleurs, la différence entre les meubles anglo-normands et les meubles français n’est pas sensible.
  3. Manuscr. de la Bibl. nat., anc. fonds Saint-Germain, no 37. Psalm., XIIIe siècle.