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CÉRÉMONIES, SACRES, COURONNEMENTS.

ronne royale, l’épée dans son fourreau, les éperons d’or, le sceptre, la verge surmontée d’une main d’ivoire, les chausses ou bottines de soie bleue semées de fleurs de lis d’or, la tunique ou dalmatique de même étoffe et couleur, le manteau royal également bleu, semé de fleurs de lis, fait en manière de chape sans chaperon ; toutes choses apportées par l’abbé de Saint-Denis en France et gardées par lui. Alors le roi, étant devant l’autel, ôte ses vêtements, sauf la camisole ou veste de soie et sa chemise, lesquels derniers vêtements sont ouverts fort bas devant et derrière et maintenus par des agrafes d’argent.

Le grand chambellan de France chausse au roi les bottines ; le duc de Bourgogne lui attache les éperons et incontinent les lui ôte. L’archevêque lui ceint son épée, puis, replaçant le fourreau sur l’autel, remet le fer nu entre les mains du roi en lui disant : « Prends ce glaive donné avec la bénédiction de Dieu, etc.[1]. » Le chœur chante une antienne pendant laquelle le roi offre l’épée à l’autel, la reprend des mains de l’archevêque, et sans délai la remet au connétable ou à celui des barons qui en tient lieu, lequel la porte devant le roi tant en l’église qu’après la cérémonie et jusqu’au palais. Cela fait, l’archevêque ouvre la sainte ampoule, en tire un peu d’huile qu’il mêle au saint chrême dans une patène sur l’autel. Les agrafes des vêtements du roi sont ouvertes, et celui-ci s’étant mis à genoux devant l’archevêque, assis comme quand il consacre, les évêques disent sur lui trois oraisons. L’archevêque dit celle de la consécration et oint la personne du roi en cinq endroits, savoir : le dessus de la tête, la poitrine, entre les épaules, sur les deux épaules et aux saignées des deux bras. A chaque onction, le prélat dit : « Je t’oins de l’huile sanctifiée, au nom du Père, etc., etc. », et l’on chante une antienne.

Le vêtement du roi est refermé, et le grand chambellan de France revêt le roi de la dalmatique, du manteau royal, de façon que son bras droit soit libre ; l’archevêque lui met l’anneau au doigt du milieu de la main droite, en disant : « Prends l’anneau, signal de la sainte Foi, etc. » Puis il récite une oraison. Il remet le sceptre en la main droite du roi, en disant : « Prends ce sceptre, insigne de la

  1. A l’occasion du sacre de Louis le Gros, Suger, dans la Vie de ce prince, s’exprime ainsi : « … L’archevêque oignit de l’huile sainte le seigneur Louis, célébra la messe d’actions de grâces, ôta au jeune roi le glaive de la milice séculière, lui ceignit celui de l’Église pour la punition des malfaiteurs…, etc. « (Suger, Vie de Louis le Gros, chap. XIII)