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gauche du spectateur. Dans le compartiment de gauche sont figurées les scènes qui précèdent immédiatement le crucifiement de Notre-Seigneur : Jésus est amené devant Pilate ; il est flagellé, il porte sa croix. Au centre est représenté le crucifiement ; deux anges tenant le soleil et la lune accostent les bras de la croix ; au sommet est sculptée la figure symbolique de l’Agneau dans un nimbe. De chaque côté du Christ on voit, à sa droite, la sainte Vierge ; puis l’Église, représentée par une femme couronnée, tenant un calice qu’elle élève pour recevoir le sang du Christ ; à sa gauche, saint Jean, et la Synagogue sous la forme d’une femme tenant un étendard brisé et les tables de l’ancienne loi renversées ; ses yeux sont couverts d’un bandeau. Au-dessous du sujet principal, le Christ mort est enseveli ; on aperçoit sous le sarcophage un animal ressemblant assez à un loup. Dans le compartiment de droite, au sommet, Jésus-Christ ressuscite assisté de deux anges ; les saintes femmes viennent au tombeau ; l’ange leur montre le sarcophage vide ; des soldats sont endormis sous une arcade. Jésus apparaît à Marie-Madeleine, et lui dit : « Ne me touchez pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père[1]. » Il tient un phylactère dans sa main droite. Deux demi-cercles font voir les quatre évangélistes à la base des compartiments, placés dans l’ordre suivant : saint Marc, saint Mathieu, saint Jean, saint Luc. Dans les lobes pris aux dépens de la tête de la statue se trouvent : au centre, le Christ ressuscité, bénissant et tenant le livre des Évangiles ouvert ; à sa droite et à sa gauche, deux anges adorateurs. On retrouve ici le socle représentant la Nativité que nous avons vu sous les pieds de l’image fermée.

L’image ouvrante du musée du Louvre a 0m,45 de hauteur : elle devait être accrochée et non posée, comme le prouve le crochet fixé derrière le dossier du siège de la Vierge. Il était d’usage aussi de placer dans les églises des statues ouvrantes d’une assez grande dimension, dans lesquelles on déposait des reliques. Lorsqu’en 1166 le sanctuaire de l’église abbatiale de Vézelay fut détruit par un incendie, Hugues de Poitiers raconte qu’une statue de bois de la sainte Vierge, seule, ne fut pas atteinte par le feu. Cette circonstance étant considérée comme miraculeuse, les moines examinèrent la statue avec soin, et ils virent qu’elle avait une petite porte très-bien fermée, entre les deux épaules. L’ayant ouverte, le prieur et les assistants constatèrent l’existence de reliques précieuses déposées dans le corps de la statue, qui dès lors fut placée sur le nouveau maître autel, où

  1. Évangile selon saint Jean.