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[ HORLOGE ]
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munis, du côté de la tête, de deux colonnettes sur les chapiteaux desquelles étaient posée une tringle garnie de bassins pour recevoir des lumières. Les magnifiques tombeaux de bronze émaillé et doré qui, dans l’église de Villeneuve, près de Nantes, recouvraient les sépultures des princesses Alix et Yolande de Bretagne, étaient entourés de chandeliers fixes propres à recevoir des cierges. Il en était de même pour les tombeaux de l’abbaye de Braisne. Les vestiges de ces dispositions nous sont conservés dans le curieux recueil de Gaignères, faisant aujourd’hui partie de la bibliothèque Bodléienne à Oxford. (Voy. le Dictionnaire d’architecture, au mot Tombeau.)

HORLOGE, s. f. Nous ne parlons ici que des horloges meubles, non des horloges fixes, comme celles qui tiennent à un monument et sont destinées à donner l’heure aux habitants d’une cité ou d’un quartier. L’usage de placer des horloges dans l’intérieur des appartements n’est pas nouveau ; toutefois, jusqu’au XVe siècle, ce meuble était un objet assez rare pour que l’on ne le trouvât que dans des palais, des monastères ou des châteaux. Dans l’antiquité et dans les premiers temps du moyen âge, on avait déjà des horloges transportables dont le mouvement était produit par l’écoulement de l’eau (clepsydre). En 505 ou 506, Gondebaud, possesseur du royaume de Bourgogne, reçut de Théodoric, roi d’Italie, deux horloges, dont l’une était mue au moyen de l’eau[1]. Les statuts de l’ordre de Cîteaux parlent d’horloges meubles mues par des rouages et des poids. Plus tard, nous les voyons mentionnées dans le Roman de la Rose :

« Et refait sonner ses orloges,
« Par ses sales et par ses loges,
« A roës trop sotivement
« De pardurable movement[2].  »

Nous n’essayerons pas de décrire le mécanisme de ces horloges primitives ; cela devait ressembler beaucoup à ces coucous que l’on rencontre encore dans presque toutes les maisons de paysans de notre temps. Quant à la boîte dans laquelle était renfermé le mécanisme, elle pouvait être plus ou moins richement décorée de sculptures et de peintures, mais ne se composait que d’ais de bois, sorte de petite armoire au milieu de laquelle se détachait le cadran. La sonnerie

  1. Hist. de Bourgogne, par dom Plancher, t. 1, p. 48.
  2. Vers 21288 et suiv.