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teurs une forme dont la composition est fournie par ces renseignements peints, et dont les détails sont tirés de stalles fixes existantes. Nous croyons donner ainsi à notre exemple une application plus utile[1]. La figure 3 explique clairement ce qu’était la forme d’usage religieux au XIIIe siècle.

Lorsque les trônes épiscopaux ne furent plus placés au fond de l’abside, comme dans la primitive Église, on les disposa généralement à côté du maître autel : « Dans l’église cathédrale de Sens », dit le sieur de Mauléon (Voyages liturgiques en France), « vis-à-vis du grand autel, du côté de l’épître, il y a un fort beau banc, grand et long, composé de cinq siéges toujours en baissant, dont le premier, qui est le plus haut, est pour le célébrant, et les autres pour les diacres et sous-diacres. Immédiatement au-dessous est la chaire de l’archevêque, qui est assez belle et de menuiserie bien travaillée. » Le trône épiscopal se trouvait ainsi en haut des stalles du chœur et était souvent accompagné de deux siéges plus bas. Cet ensemble constituait une forme à trois places, et était décoré avec un certain luxe. Malheureusement les XVIIe et XVIIIe siècles firent disparaître ces beaux meubles des chœurs de nos églises pour les remplacer par de lourdes charpentes décorées de sculptures de mauvais goût et de draperies simulèes en bois, avec force glands, nœuds et franges également de menuiserie ; ou bien encore, enlevés pendant la Révolution, on leur substitua des estrades avec fauteuils et tentures provisoires, souvent d’un aspect peu convenable. Les prélats veulent avec raison aujourd’hui rétablir ces meubles nécessaires au service religieux, et beaucoup d’architectes cherchent, soit à se rattacher à des traditions perdues, lorsqu’il s’agit de replacer ces trônes avec leurs accessoires, soit à satisfaire au programme, en donnant un libre cours à leur imagination.

Au mot Trône, nous essayons de fournir les documents qui peuvent être utiles en pareil cas.

  1. Il existe, dans le musée de Cluny, une forme à trois places qui provient de quelque salle capitulaire probablement ; les siéges sont à bascule, avec miséricordes. Ce meuble date de la Renaissance ; mais il a certainement été recomposé en grande partie au moyen de divers fragments. Toutefois il est bon à consulter comme disposition générale. La forme présentée ici est prise de morceaux de boiseries placés aujourd’hui dans le chœur de l’église Saint-Audoche de Saulieu.