Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance (1873-1874), tome 1.djvu/126

Cette page n’a pas encore été corrigée
[ ESCABEAU ]
— 108 —

de sa liberté. Nous voyons que, pour rompre cette monotonie de poses, les hommes ont pris l’habitude de parler debout aux femmes assises ; mais celles-ci, le cou tendu, la tête levée, éprouvent de la fatigue, et bientôt de l’ennui par conséquent. Nous avons, au contraire, observé que, les hommes étant assis plus bas que les femmes, chacun se trouve dans la posture qui prête le mieux à une conversation suivie.

Les escabeaux étaient donc nombreux dans les appartements du moyen âge ; ils accompagnaient les grands siéges, et les hommes, dans la familiarité, les prenaient volontiers. Chez les gens riches, ces escabeaux étaient couverts de petits coussins ou de banquiers[1].

« Item, en la chambre des dames doit avoir une chaire à doz emprez le chevet du lict, couverte de velours ou d’aultre drap de soye, ne chault de quelle couleur il soit ; mais le velours est le plus honorable qui le peut recouvrer. Et au plus près de la chaire y aura place où l’on peut mettre un petit banc sans appois (sans appui ni bras), couvert d’un banquier, et des quarreaux de soye ou aultres pour s’asseoir quand on vient veoir l’accouchée[2]. »

Nous donnons, pour clore cet article, un joli escabeau copié sur les bas-reliefs des stalles de la cathédrale d’Amiens (voy. fig. 3).

  1. Pièce d’étoffe jetée sur un banc.
  2. Alienor de Poictiers, les Honneurs de la cour, XVe siècle.