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Elle dépendait de la commanderie de Saint-Jean de Jérusalem, qui plus tard, au XVIe siècle, prit le nom de Saint-Jean de Latran. « L’entrée principale de la commanderie s’ouvrait, dit M. le baron de Guilhermy[1], en face du Collège de France. Les bâtiments les plus notables de l’enclos étaient la grange aux dîmes, le logis du commandeur, la tour, l’église et le cloître… Nous pensons que cette tour était le donjon de la commanderie, le dépôt des titres, des armes, des objets précieux, le lieu de réunion des chevaliers, le signe de la suzeraineté du commandeur sur les fiefs qui relevaient de Saint-Jean… »

La tour de la commanderie de Saint-Jean de Jérusalem, bâtie sur plan barlong, se rattachait au logis du commandeur par un de ses angles ; par l’autre elle se reliait à la courtine. Cette commanderie ayant été transformée à plusieurs reprises, il devenait difficile de reconnaître exactement quelle était la position de la tour par rapport aux bâtiments de la même époque. Cependant le plan de Gomboust la montre comme faisant face sur les dehors du côté de l’occident, et en effet ses défenses principales se présentaient de ce côté. Du reste, les relevés sur place nous en apprendront plus que ne pourraient le faire les documents fournis par les plans anciens de Paris. Voici donc (fig. 64), en A, le plan de la tour à rez-de-chaussée. Ce rez-de-chaussée consistait en une salle voûtée en deux travées d’arcs ogives, avec une poterne basse a qui donnait autrefois sur les fossés extérieurs ; une porte b s’ouvrait également sur l’escalier qui permettait d’atteindre le niveau h du sol de la cour en passant sur un pont mobile g, car le fossé intérieur f se prolongeait par un redan jusqu’à cet escalier. D était donc le fossé de clôture de la commanderie ; f, le fossé spécial à la tour. La salle basse n’avait aucune communication avec les étages supérieurs. Pour arriver au premier étage B, il fallait monter par l’escalier C accolé à la courtine occidentale. Ce premier étage ne communiquait pas avec le logis du commandeur situé en H ; il fallait reprendre l’escalier C pour atteindre le niveau du deuxième étage E. De cette salle on pouvait entrer dans le bâtiment du commandeur par la porte e, percée dans

    tion de la tour Bichat fut décidée hâtivement, et c’est à peine si nous eûmes le temps de mesurer cet édifice. Quelques chapiteaux provenant de cette démolition ont été transportés au musée de Cluny ; mais ce n’était pas par sa sculpture, bien qu’elle soit belle, que cet édifice intéressait l’historien.

  1. Voyez l’excellent Itinéraire archéologique de Paris du savant auteur de tant de travaux précieux sur nos antiquités nationales. M. de Guilhermy déplorait, en 1855, comme tous ceux qui ont quelque souci de nos monuments historiques, la destruction de la tour Bichat. « La ville de Paris, disait-il, qui a fait de si généreux sacrifices pour sauver la tour Saint-Jacques la Boucherie, s’est au contraire montrée insouciante envers celle de Latran, et cependant, si la première est en jouissance d’une plus grande renommée, l’autre appartenait à une meilleure époque de l’art et se rattachait à une famille d’édifices d’un caractère plus intéressant… » Nous ajouterions que la tour de Latran était l’unique monument de ce genre en France.