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aussi dans la pierre maintiennent les panneaux contre celle-ci. C’est encore suivant ce système que la rose de la façade occidentale de Notre-Dame de Paris est combinée. Cette rose est postérieure à celle de Notre-Dame de Mantes : elle date de 1220 environ ; sa composition est déjà plus savante en présentant des compartiments mieux entendus et d’un aspect plus gracieux. Le problème consistait à disposer les compartiments de pierre de manière à laisser, pour les panneaux des vitraux, des espaces à peu près égaux. On voit que dans la rose de Mantes les vides joignant la circonférence sont, relativement aux vides intérieurs, démesurément larges. On avait suppléé à l’étendue des vides extérieurs par l’armature de fer ; mais les panneaux maintenus par les grands cercles de fer B avaient une surface trop considérable, relativement aux panneaux C, et nécessitaient l’adjonction de nombreuses tringlettes ou barres secondaires, qui ne présentaient pas une résistance suffisante à l’effort des vents. De plus, le poids des châssis de pierre se reportait tout entier sur les deux colonnettes inférieures, ce qui présentait un danger, car la solidité de la rose était fort compromise. La composition de la rose de Mantes, très-hardie déjà pour un vide de 8 mètres de diamètre, devenait d’une exécution impossible si ce diamètre était augmenté. Or, le diamètre du vide de la rose occidentale de Notre-Dame de Paris est de 9m,60. L’architecte prétendit donner à son réseau de pierre à la fois plus de solidité et plus de légèreté. En conséquence (fig. 4), il divisa le cercle en vingt-quatre parties pour la zone extérieure, en douze parties pour la zone intérieure. Il retourna les colonnettes, c’est-à-dire qu’il plaça leurs bases vers le centre et leurs chapiteaux vers la circonférence. Il posa sur les chapiteaux des colonnettes de la zone extérieure une arcature robuste, plus épaisse que les colonnettes, et qui à elle seule formait déjà un clavage complet, pouvant se maintenir comme les claveaux d’un arc par leur coupe. Dès lors il diminuait le diamètre du réseau de plus d’un mètre. Entre les deux zones de colonnettes, il posa une seconde arcature robuste qui formait un second cercle clavé ; puis l’œil renforcé également clavé. Les colonnettes n’étaient plus que des étrésillons rendant ces trois cercles solidaires. Elles n’avaient à subir qu’une assez faible pression, aussi les fit-il très-légères. Il est difficile, le problème d’un grand châssis circulaire de pierre étant posé, de le résoudre d’une manière plus heureuse et plus savante.

Dans cette composition, l’armature de fer nécessaire pour maintenir les panneaux des vitraux n’avait plus qu’une importance nulle au point de vue de la solidité du système. Cette armature était scellée avec grand soin au plomb, ainsi que les pitons ; car dans cette rose, comme dans celle de Mantes, le vitrail était accolé à la face intérieure et non en feuillure ; de telle sorte que le réseau portait toute son épaisseur à l’extérieur[1].

  1. Lors de la restauration, afin d’éviter les effets de l’oxydation du fer sur la pierre et