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poussait les architectes à charger les sommiers d’ornements saillants, c’était aussi un calcul judicieux. Les sommiers sont destinés naturellement à recevoir des charges verticales et obliques ; par cela même les pierres employées pour les tailler sont soumises à des pressions qui peuvent les écraser. Il y a donc un avantage à laisser à ces morceaux d’appareil la plus forte masse possible, même en dehors des points où les pressions agissent.


Mais, en architecture, des ensembles aux détails, ce que la raison indique n’est-il pas toujours d’accord avec le sentiment, avec le besoin des yeux ? Nos maîtres du moyen âge le croyaient certainement, ou plutôt ils ne séparaient pas ces deux facultés : l’une qui conseille, et l’autre qui approuve si le conseil est bon. À voir leurs œuvres dans les menus détails comme dans les grands partis, on reconnaît bientôt qu’ils ne dédoublaient pas l’esprit de l’artiste en mettant d’un côté la réflexion, l’observation, le raisonnement, le calcul, de l’autre cette sorte d’inspiration vague, indescriptible, poétique, si l’on veut, que nous appelons le sentiment. Les deux facultés ne pouvaient, chez l’architecte du moins, qu’agir simultanément pour produire une œuvre. Aussi dans ces œuvres