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[serrurerie]
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Alors le pallâtre qui sert d’entrée, et sur lequel glisse la gâchette visible à l’extérieur, est parfois décoré d’ornements de fer battu et finement découpés. Entre ces ornements de fer battu et le pallâtre, est apposé un morceau de drap rouge maintenu par les rivets qui retiennent les découpures.

Il existe encore beaucoup de serrures de ce genre, et nous en donnons (fig. 25) un exemple provenant d’une des grilles de la crypte de Saint-Sernin de Toulouse[1]. Ici la gâchette est enfermée dans une gaine ou coque (voy. la coupe en ab). En A, est le bouton en forme de coquille, qui permet de faire mouvoir le verrou, lorsque le tour de clef est donné. On aperçoit les petits rivets qui servent à fixer les feuilles de fer battu sur la plaque du fond d. Le morceau de drap interposé est donc visible entre les découpures. Les bords du pallâtre sont, comme dans les exemples précédents, renforcés par une baguette en façon de torsade. En B, est la poignée de tirage, et en C, le profil du bouton A. Ce genre d’ornementation produit beaucoup d’effet à peu de frais, car rien n’est plus aisé à faire, pour un ouvrier habile, que ces feuilles de fer battu et modelé au marteau, à froid. Dans cet exemple, pas de soudures, tout est rivé, excepté le bouton A et l’embase de la poignée. Les petites feuilles de la poignée B elles-mêmes sont maintenues à la boucle par des langues-de-carpe latérales, qui ont été prises dans des grains d’orge, en courbant le fer de la boucle à chaud, avant de souder ses extrémités à l’embase. Mais, avant d’aller plus loin, il est nécessaire de dire que ces sortes de frémures à gâchette n’étaient pas les seules serrures fabriquées pendant le moyen

  1. Cette grille et sa serrure ont été replacées au XVIe siècle, mais appartiennent à la fabrication du milieu du XVe siècle.