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percés en outre d’un guichet très-étroit, surmonté d’un heurtoir, et s’ouvraient carrément en dedans de l’arc en tiers-point, sous un portail voûté en berceau surbaissé. Au-dessus de la porte, une niche est pratiquée, partie aux dépens de l’épaisseur du mur, partie en encorbellement ; cette niche est surmontée d’un dais très-ouvragé, soutenu par deux pilettes délicates : elle contenait une statue équestre du roi Charles VII[1]. Une large fenêtre à meneaux s’ouvre au-dessus de cette niche, et éclaire la chapelle située au premier étage. Des deux côtés de la niche sont simulées deux fenêtres garnies, celle de droite, donnant du côté de l’entrée des cuisines, d’une figure de femme, et celle de gauche, donnant du côté de la ville, d’une figure d’homme. Ces deux statues, visibles seulement en buste par-dessus la balustrade, semblent regarder au dehors et s’enquérir de ce qui se passe sur la voie publique. Ainsi, comme le dit M. Vallet de Viriville, dans la curieuse notice qu’il vient de publier sur Jacques Cœur[2] : « Ces deux personnages semblent représenter la Vigilance… Dès le frontispice éclatait l’hommage public et respectueux rendu à l’autorité souveraine par l’officier du roi ; mais en même temps et sous cette égide, la personnalité, l’individualité de Jacques Cœur se déployait avec une assurance et une liberté remarquables. » En effet, sur ce portail comme sur toutes les autres parties de l’édifice, apparaissent les cœurs, les coquilles de pèlerin, et la devise : À vaillans cœurs rien impossible.

On remarquera que l’idée de symétrie n’est entrée pour rien dans la composition de ce portail, et cependant que les vides et les pleins, les parties lisses et les parties ornées, se pondèrent d’une façon tout à fait heureuse, sans que l’œil soit préoccupe de ces démanchements d’axes. Il fallait une porte charretière et une poterne, l’architecte les a percées entre les deux murs de refend qui forment le pavillon. Il a pris l’axe de celui-ci pour ouvrir la fenêtre éclairant la chapelle, et a réuni la niche à cette fenêtre de manière à former une grande ordonnance supérieure, indiquant un étage élevé et voûté. Les fenêtres remplies par les deux figures tombent sous les angles du pavillon ; mais ces fenêtres sont pleines, et l’architecte a eu le soin de supposer un entrebâillement du vantail dans chacune d’elles qui renforce leurs pieds-droits sous l’angle du pavillon.

Nous citerons les portes d’entrée des hôtels de Sens et de Cluny à Paris, qui existent encore, et qui sont postérieures de quelques années à celles-ci[3]. À l’article Maison, nous avons présenté quelques portes des XIVe et XVe siècles[4], qui nous dispenseront d’entrer dans plus de détails sur cette partie importante des habitations du moyen âge. Cependant nous dirons quelques mots des portes extérieures d’escaliers, qui pré-

  1. On retrouve cette même disposition à l’entrée du château de Blois et au-dessus de la porte de l’hôtel de ville de Compiègne.
  2. Voyez Jacques Cœur, par M. Vallet de Viriville. Paris, 1864.
  3. Voyez Maison, fig. 39.
  4. Voyez fig. 21, 24, 25, 27, 28, 29, 37. Voyez aussi l’article Salle .