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rocher et s’élevant au-dessus de toutes les autres tours du palais : c’est le donjon, dont nous ne voyons ici que les soubassements. Un escalier X, desservant cette partie des bâtiments, descend jusqu’au sol de l’esplanade I, et donne entrée sur le mur de défense Z garni de mâchicoulis et d’un chemin de ronde. En N, adossé à ce mur, est un fournil.

Tout ce rez-de-chaussée est voûté et construit de manière à défier le temps et la main des hommes. Du corps de garde B on monte par un escalier à vis aux défenses supérieures de la porte principale A. Un autre escalier Q monte aux appartements donnant sur l’esplanade.

Ainsi qu’on peut le reconnaître, la disposition de rez-de-chaussée est bonne, en ce que, de la cour d’honneur, on arrive directement à tous les points du palais. Observons aussi que les deux poternes R, S, sont percées dans des rentrants, bien masquées et défendues ; que les fronts sont flanqués, et que les architectes ont profité de la disposition naturelle du rocher pour établir leurs bâtiments. Des jardins s’étendaient du côté du sud, sur une sorte de promontoire que forme la colline. D’un côté (vers le nord), le rocher des Doms est à pic sur le Rhône, et était de plus défendu par un fort (le fort Saint-Martin). De l’autre (vers le sud), il s’implantait au centre de la ville, et la coupait pour ainsi dire en deux parts. Vers l’ouest, les bailles s’étendaient jusqu’au palais épiscopal, étaient arrêtées par le rempart de la ville, qui descendait jusqu’aux bords du Rhône et se reliait au fort Saint-Martin[1]. Des rampes ménagées le long de ce fort descendaient jusqu’à la porte ou châtelet donnant entrée sur le pont Saint-Bénézet, qui traversait le Rhône (voy. Pont). Vers l’est, l’escarpement est abrupt et domine les rues de la cité. L’assiette de ce palais était donc merveilleusement choisie pour tenir la ville sous sa dépendance ou protection, pour surveiller les rives du fleuve précisément au point où il forme un coude assez brusque, pour être en communication avec le mur d’enceinte, et pour sortir au besoin de la cité sans être vu.

Afin de ne pas multiplier les figures, nous présentons le plan du palais des papes à rez-de-chaussée pour la partie la plus élevée, et au premier étage pour la partie située au-dessus des bâtiments entourant la cour d’honneur. Par le fait, le niveau du rez-de-chaussée des bâtiments supérieurs correspond au niveau d’un étage entresolé, disposé en partie sur le plan donné dans la figure 14.

En A (fig. 15), est l’église Notre-Dame des Doms, rétablie dans sa forme première et avant l’adjonction des chapelles qui ont altéré le plan de ce bel édifice. Élevée pendant le XIIe siècle, l’église Notre-Dame des Doms, aujourd’hui encore cathédrale d’Avignon, fut conservée par les papes, et c’est dans son voisinage que les pontifes élevèrent les premières constructions de leur palais, entre autres les tours B et les corps de logis b. S’avançant peu à peu vers le sud et suivant la déclivité du rocher, les papes fermèrent d’abord la cour C, entourée d’un large portique avec étage

  1. Ce fort fut détruit, en 1650, par l’explosion de la poudrière qu’il contenait.