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au centre du cylindre. Il n’est pas de système de voûtes, en dehors du système gothique, qui pût offrir des dispositions aussi favorables, il faut bien le reconnaître. L’ouvrage est, du haut en bas, construit en pierre d’appareil de 0,40 c. à 0,45 de hauteur, dont les parements sont taillés au taillant droit, librement, mais parfaitement dressés. À mesure que l’art de l’attaque des places devient plus méthodique, les constructions militaires se perfectionnent, les matériaux employés sont plus grands et mieux choisis, les murs plus épais et mieux maçonnés, les massifs remplis avec plus de soin et le mortier plus égal et plus ferme. Pendant le XIIIe siècle, les constructions militaires sont exécutées avec le plus grand soin, les moyens de résistance opposés aux attaques singulièrement étendus. On renonce le plus souvent aux parements de petit appareil ou de moellons usités pendant les XIe et XIIe siècles ; ils sont faits en pierre d’appareil dure, possédant des queues assez longues pour ne pas être facilement arrachées par la pince ou le pic-hoyau des pionniers. Dans les massifs, on rencontre souvent des chaînes de pierre et des arcs de décharge noyés en pleine maçonnerie. Les parapets sont composés de parpaings, les surfaces extérieures admirablement dressées. Jusque vers 1240 il arrive souvent que les assises sont posées sur des lits de mortier très-épais (0,04 c. à 0,05 c.), garnis d’éclats de pierre dure (147) ;


mais ce procédé, qui donnait aux lits des assises une grande adhérence à cause de la quantité de mortier qui s’y trouvait employée[1], avait l’inconvénient de faciliter aux pionniers l’introduction de la pince entre les lits pour desceller les pierres. Au contraire, à dater de cette époque, les lits des assises formant les parements des fortifications sont minces (0,01 c. environ, quelquefois

  1. Il faut remarquer ici que le mortier a d’autant plus de force de cohésion, qu’il se trouve en plus grande masse ; un lit de mortier très-mince est brûlé (comme disent les maçons) par la pierre, et n’est plus qu’une lame poudreuse, gercée, sans adhérence, parce qu’en posant les pierres, celles-ci boivent rapidement l’eau contenue dans le mortier, et que celui-ci, se desséchant trop vite, perd sa qualité.