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[colombier]
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porte un arbre à pivots muni de potences doubles recevant deux échelles au lieu d’une.


Les boulins pour les pigeons sont plus nombreux qu’à Créteil, et sont au nombre de près de deux mille ; ils sont construits en moellons et brique, c’est-à-dire qu’une assise de brique sépare chaque rang de boulins et que l’intérieur de ceux-ci est entièrement maçonné en brique ; cette matière avait paru probablement plus chaude et moins humide que le moellon. L’arbre central pivotant est disposé ainsi que l’indique la fig. 6. Les pièces AB sont des moises doubles qui ne sont pas sur un même plan afin de pouvoir donner une certaine inclinaison aux deux échelles. On ne monte au pigeonnier que par une échelle extérieure que l’on dresse devant la porte donnant sur le plancher du premier étage. Du reste, le pigeonnier de Nesle porte les mêmes dimensions que celui de Créteil, 6m,80 de diamètre intérieur et 1m,00 d’épaisseur de mur. Il est construit avec grand soin, et l’entrée des pigeons se fait par trois jolies lucarnes de pierre ménagées dans la hauteur du comble, l’une à l’est et les deux autres au sud-ouest et au nord-ouest.

La fig. 7 reproduit la vue extérieure du pigeonnier de Nesle : ses bandeaux, sa corniche et ses lucarnes sont en pierre ; le reste de la bâtisse, à l’extérieur, est fait en moellon enduit ; à l’intérieur, en moellon proprement taillé et en belles briques.

Nous figurons (8) une des lucarnes ; les constructeurs ont eu le soin de ménager en avant une saillie, sorte de petit balcon dépassant le relief de la corniche, qui permet aux pigeons de se réunir en troupe avant d’entrer dans le colombier, ce qui est dans leurs habitudes. On remarquera même les deux petits épaulements B destinés à les garantir du vent lorsqu’ils viennent se reposer sur l’appui de la lucarne. Ces deux exemples de pigeonniers des provinces du nord indiquent assez le soin et l’étude apportés par les constructeurs du moyen âge jusque dans les bâtisses les plus ordinaires.