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du sanctuaire, elles se trouvaient complètement ajourées de manière à être vues de l’intérieur du chœur comme des collatéraux (voy. Chœur, fig. 1). Un riche soubassement décoré d’arcatures les supporte. Suivant l’usage, l’architecture et la statuaire de la clôture du chœur de Notre-Dame de Paris étaient peintes et dorées. Le chœur de la cathédrale de Bourges fut clos vers la même époque ; il ne reste que des fragments fort beaux de cette clôture, déposés aujourd’hui dans la crypte. Les chœurs des cathédrales de Limoges et de Narbonne sont encore clos en partie par des tombeaux d’évêques. Il en était de même à Amiens. À Narbonne, outre les tombeaux, on voit encore les restes d’une clôture architectonique du XIVe siècle, dont nous donnons (7) une travée. Ce fragment de clôture, placé dans l’axe du sanctuaire, est complétement peint.

Plus tard, ces clôtures furent quelquefois exécutées en bois. Les XVe et XVIe siècles en élevèrent de fort riches. La clôture du chœur de la cathédrale de Chartres fut presque entièrement exécutée au commencement du XVIe siècle, et c’est une des plus remarquables. Mutilée par le Chapitre pendant le dernier siècle, pour garnir le chœur à l’intérieur de la plus lourde décoration qui se puisse imaginer, la face extérieure seule est conservée. Elle représente, comme à la cathédrale de Paris, l’histoire de Jésus-Christ divisée par travées, dans lesquelles sont sculptées des scènes ronde-bosse. Cette clôture est en pierre, exécutée avec une finesse et une richesse de détails prodigieuses. À Amiens, on voit encore, derrière les belles stalles du commencement du XVIe siècle, une clôture en pierres peintes, de la même époque, représentant du côté sud l’histoire de saint Firmin, et du côté nord l’histoire de saint Jean-Baptiste. Cette clôture, d’un assez mauvais style, est cependant fort curieuse à cause de la quantité de costumes que l’on y trouve, costumes qui sont fidèlement copiés sur ceux du temps auquel appartiennent ces sculptures. Il n’est personne qui ne connaisse la belle clôture du chœur de la cathédrale d’Alby, qui date des premières années du XVIe siècle (voy. Jubé). Les XVIIe et XVIIIe siècles virent détruire dans nos cathédrales la plupart de ces clôtures en pierre, au moins autour des sanctuaires ; elles furent remplacées par des grilles plus ou moins riches, enlevées à la fin du dernier siècle. De sorte qu’aujourd’hui ces sanctuaires sont clos d’une manière peu convenable par des boiseries sans valeur ou des grilles d’un aspect misérable.

CLOU, s. m. Tige de fer pointue garnie d’une tête, destinée à fixer des ferrures sur le bois ou à maintenir ensemble certaines pièces de charpente ou de menuiserie. L’antiquité grecque et romaine employa souvent les clous comme motif de décoration des barrières de bois, et principalement des portes. Il n’est pas un architecte qui ne connaisse les clous de la porte en bronze du Panthéon à Rome, ceux des portes en bronze de Saint-Jean de Latran. Ces clous sont munis de têtes richement ciselées qui en font des objets d’art d’une grande valeur. Cette habitude fut suivie pendant le moyen âge, et il nous reste un grand nombre de ventaux de portes de