« Onkes tels ne fut contrefaiz
« Trop par fut fors et bien assiz[1].
« .........
« Sor la roche ki fut pandans,
« Grant fut et large par dedans,
« Trop i ot riche herberjaige[2] ;
« En la tor (le donjon) ot moult riche estaige,
« Bien fut herbergiez tot entor[3]
« Li pallais sist prest de la tor[4]
« Qui moult fut haus et bons et leis (larges)
« Li estauble (écuries) furent deleis,
« Greniers et chambres et cuisines ;
« Moult i ot riches officines.
« Moult fut la salle grans et large[5] :
« Maint fort escut et mainte targe
« Et mainte lance et maint espiet (épieu)
« Et bon cheval et bon apiet
« Dont li fer sont bon et tranchant,
« Et maint cor bandeit d’argent
« Avoit pandut por lo pallais[6].
« .........
« Vers l’estanc furent les fenestres,
« Lai fut li sires apoieis ;
« Ne sai c’il estoit annuiés,
« Mais, en pansant, l’aigue esgardoit (regardait l’eau),
« An esgardant, les cignes voit
« Qui estoient et bel et gent.
« Dont comandoit tote sa gent
« Que moult doucement les véissent ;
« .......... »
Les fenêtres des appartements donnent sur l’étang dont les eaux enveloppent le château ; le seigneur, qui s’ennuie (le poëte penche à le croire
- ↑ Lorsque l’assiette d’un château avait été choisie sur le sommet d’un escarpement, on taillait souvent le rocher qui devait lui servir de base de manière à rendre les escarpements plus formidables ; souvent même on creusait les fossés à même le rocher, comme à Château-Gaillard, à la Roche-Guyon, et on réservait, à l’extérieur, une défense prise aux dépens du roc. Ces travaux sont ordinaires autour des châteaux assis sur du tuf, de la craie ou des calcaires tendres.
- ↑ Il s’y trouvait de nombreux logements.
- ↑ Des logements étaient encore disposés autour du donjon.
- ↑ Li palais, c’est la demeure du seigneur, distincte des herberjaiges, qui paraissent destinés au casernement de la garnison.
- ↑ Voici la grand’salle, cette dépendance indispensable de tout château.
- ↑ Dans les salles étaient suspendues les armes, les écus, les cors ; c’était la principale décoration des intérieurs ; et dans un grand nombre de châteaux, on voit encore la place des tablettes, des crochets de fer qui servaient à porter des panoplies d’armes et d’ustensiles de guerre et de chasse.