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drique. L’esprit impérieusement logique des constructeurs excluait les surfaces horizontales ne supportant rien, inutiles par conséquent, quelque peu étendues qu’elles fussent (voy. Base).

Passer d’un lit de sommier tel que celui donné (29), par exemple, à un cercle, en évitant les surfaces horizontales sur le tailloir du chapiteau, devenait difficile ; on pouvait bien inscrire le lit des différents arcs C C′, D D′, E dans un octogone régulier, et de l’octogone régulier passer au cercle, mais les trois colonnettes A B B′, destinées à recevoir trois nerfs des voûtes hautes, sortaient avec leur base de l’octogone ; il fallait ajouter un appendice au tailloir pour les soutenir, et cet appendice du tailloir devait être lui-même soutenu par un ornement du chapiteau ; de là des combinaisons que les architectes faisaient concourir avec un art exquis à la décoration de l’ensemble.

Le plan de tailloir et la trace de sommier, fig. 29, provenant du chœur de la jolie église de Sémur en Auxois, donne, en élévation perspective, la fig. 30[1]. On voit avec quel scrupule l’architecte a évité des angles saillants présentant des surfaces horizontales sans emploi, comment il a su conduire l’œil du fût cylindrique à la rencontre compliquée des différents membres des voûtes et des colonnettes, de manière à faire voir que ce chapiteau porte réellement et qu’il n’est pas seulement une décoration banale. Une fois le principe admis, il y a dans ces combinaisons une sincérité et une grâce bien éloignées de notre architecture moderne, dont la plupart des

  1. Cette partie du chœur de l’église de Sémur en Auxois dut être construite de 1220 à 1230.