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nous donne un bel exemple de ces sortes de chapiteaux (24). On voit que l’ornementation n’est qu’accessoire dans les chapiteaux rhénans ; ce n’est guère qu’une gravure à peine modelée qui ne modifie pas le galbe géométrique du sommet de la colonne ; on sent là l’influence byzantine, car si l’on veut examiner les chapiteaux de Saint-Vital de Ravenne et de Saint-Marc de Venise, on reconnaîtra que dans ces édifices la plupart des chapiteaux, appartenant aux constructions primitives, ne sont décorés que par des sculptures très-plates, découpées, ou même quelquefois, comme dans le bas-côté nord de cette dernière église, par des incrustations de couleur. Quelle que soit la beauté de travail de ces sculptures, la forme romane, même à la fin du XIIIe siècle, reste maîtresse ; il ne semble pas que cet art puisse se transformer.

L’architecture comme la sculpture romane du Rhin ne peuvent se débarrasser de leurs langes carlovingiennes ; elles tournent dans le même cercle jusqu’au moment où les arts français importés viennent prendre leur place. Cette immobilité ou ce respect pour les traditions, si l’on veut, existent, quoique avec moins de force, en Normandie. La forme du chapiteau normand roman persiste, sans modification sensible dans les masses, jusqu’au moment où le style français fait invasion dans cette province lors de la