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Prés n’avait pas, telle riche qu’elle fût, les ressources du roi de France. À ce point de vue, la comparaison de ces deux édifices, élevés presque en même temps par le même architecte, est intéressante.

Mais saint Louis ne fut pas le seul roi de France qui éleva des saintes chapelles. Le vaste château de Vincennes, commencé par le roi Jean, était achevé, au point de vue militaire, sous Charles V. Son fils commença, sur de grandes proportions, la construction d’une sainte chapelle, au milieu de son enceinte. Charles VI éleva le bâtiment vers l’abside jusqu’aux corniches supérieures, dans la nef jusqu’aux naissances des archivoltes des fenêtres, et sur la façade jusqu’au-dessous de la rose. Les malheurs de la fin de ce règne ne permirent pas de continuer l’édifice, qui resta en souffrance pendant un siècle. François Ier reprit les constructions vers 1525, elles ne furent achevées que sous Henri II. Les deux sacraires et le trésor à deux étages annexés à la chapelle étaient terminés à la fin du XIVe siècle ou au commencement du XVe. Deux époques bien distinctes ont donc concouru à l’édification de la sainte chapelle de Vincennes, et cependant, au premier abord, ce monument présente une grande unité. Les architectes de la renaissance chargés de l’achever ont, autant qu’il était possible à cette époque, cherché à conserver l’ordonnance de l’ensemble, le caractère des détails. Il faut examiner la sculpture, reconnaître les dégradations causées aux parties supérieures des constructions laissées inachevées pendant un siècle, par les pluies et la gelée, pour trouver les points de soudure des deux époques.

La fig. 8 donne le plan de la sainte chapelle de Vincennes[1], avec ses annexes. Ce sont d’abord deux oratoires à double étage ayant vue sur le sanctuaire par deux petites ouvertures biaises. À la suite, à droite, un escalier conduisant à l’étage supérieur de l’oratoire, aux terrasses et aux combles. À gauche, la sacristie avec son trésor, également à deux étages, le trésor ayant, comme à la Sainte-Chapelle du Palais, la forme, en plan et en élévation, d’une petite chapelle. Un escalier particulier conduit au premier étage du trésor et au comble.

Il est vraisemblable que l’oratoire construit par Louis XI entre deux des contreforts de la Sainte-Chapelle de Paris, pendant la seconde moitié du XVe siècle, est une imitation de ceux de la sainte chapelle, de Vincennes, cette disposition ayant paru plus commode que celle adoptée par saint Louis, et ne consistant qu’en deux renfoncements dans l’épaisseur de la muraille (voy. fig. 2, en D). Le roi, la reine se trouvaient ainsi séparés des assistants, et voyaient le prêtre à l’autel sans être vus.

À Vincennes, une tribune large est portée par une voûte au-dessus de l’entrée ; elle occupe toute la première travée. À Paris, cette tribune n’est qu’une simple galerie d’un mètre de largeur tout au plus. Les statues des apôtres et de quatre anges, derrière l’autel, étaient, à Vincennes comme à Paris, adossées aux piliers, à la hauteur de l’appui des fenêtres, suppor-

  1. À l’échelle de 0,0025 pour mètre.