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statue de la sainte Vierge entourée d’anges[1]. C’était de ce balcon élevé qu’au Dimanche des Rameaux le clergé entonnait, en plein air, le Gloria devant le peuple assemblé sur le parvis. Le sommet du pignon de la nef reçoit une statue du Christ bénissant, ou un ange sonnant de la trompette, comme pour rappeler la scène du Jugement dernier tracée sur le tympan de la porte centrale. Les sculptures des portes nord et sud des transsepts sont ordinairement réservées aux saints particulièrement vénérés dans le diocèse, ou, comme à Paris, du côté sud, consacrent le souvenir de l’une des églises annexées à la cathédrale avant sa reconstruction[2]. Autour de la cathédrale, sur les contreforts, contre les parois des chapelles[3], des statues d’anges tiennent les ustensiles nécessaires au service religieux, des instruments de musique[4], comme pour indiquer que l’Église est un concert éternel à la gloire de Dieu.

Nous ne pouvons ici entrer dans tous les détails de la statuaire de nos grandes cathédrales du Nord ; ce serait sortir du cadre déjà très-large que nous nous sommes tracé. Nous avons seulement voulu faire comprendre le principe d’unité qui avait dû diriger les sculpteurs. On a pu le voir, par cet exposé sommaire, non contents de tracer l’histoire de la naissance du Sauveur, les évêques voulaient, aux yeux de tous, établir la généalogie de la Vierge, sa victoire sur le démon, sa glorification, les rapports qui existent entre l’ancienne et la nouvelle loi par les prophéties, et surtout

    en tort, je veux donner satisfaction ; si je n’y suis pas, je veux m’en tenir à leur avis. » Le roi resta en prière devant la porte en attendant l’évêque et les chanoines. On fit l’ouverture des portes ; il entra en l’église, y donna pour caution du dédommagement la personne de l’évêque même. Le prélat remit en gage aux chanoines ses deux chandeliers d’argent ; et le roi, pour marquer par un acte extérieur qu’il vouloit sincèrement payer la dépense qu’il avait causée, mit de sa propre main une baguette sur l’autel, laquelle toutes les parties convinrent de faire conserver soigneusement, à cause que l’on avoit écrit dessus, qu’elle étoit en mémoire de la conservation des libertés de l’Église. » (Hist. des Dioc. de Paris, l’abbé Lebeuf, t. XII.) Nous le demandons, est-il possible d’admettre que, quarante ou cinquante ans après une scène de ce genre, l’évêque et le chapitre de Paris eussent fait placer, sur le portail de la cathédrale neuve, au-dessus des trois portes, au-dessus du Christ, des statues colossales des rois de France, quand on commençait à peine à se faire une idée du pouvoir monarchique ?

  1. À Paris. Autrefois à Amiens.
  2. On n’a pas oublié qu’à Paris l’une des deux églises cathédrales était placée sous le titre de saint Étienne. Le tympan de la porte sud retrace la prédication et le martyre de ce saint, dont la statue était posée sur le trumeau ; dans les ébrasements étaient rangées les statues de saint Denis, de ses deux compagnons, et de quelques autres saints évêques du diocèse. La statue de saint Étienne se voyait encore dans l’une des niches latérales de la façade. Ce fut, en effet, pour bâtir cette façade que l’on détruisit les restes de la vieille église de Saint-Étienne ; et lors de la construction de cette façade, le portail sud actuel n’était point élevé.
  3. Reims.
  4. Paris, sur les pignons des fenêtres des chapelles du chœur ; Reims.