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entreprit, vers 1245, de faire des chapelles U, entre les saillies formées à l’extérieur par les gros contreforts de la nef[1]. Ces chapelles furent élevées également avec une grande rapidité ; leur construction eut pour résultat de faire disparaître la claire-voie A′ (voyez les fig. 2 et 3)[2] qui donnait du jour au-dessus des voûtes du deuxième bas-côté, et de rendre l’écoulement des eaux plus difficile. En examinant le plan (fig. 1), on peut se rendre compte du fâcheux effet produit par cette adjonction. Les deux pignons du transsept se trouvaient alors débordés par la saillie de ces chapelles. Comparativement à la nouvelle décoration extérieure de la nef, ces deux pignons devaient présenter une masse lourde ; on les démolit, et, en 1257, on les reconstruisit à neuf, ainsi que le constate l’inscription sculptée à la base du portail sud. Entre les contreforts du chœur, trois chapelles au nord et trois chapelles au sud, compris la petite porte rouge qui donnait dans le cloître, furent bâties en même temps, pour continuer la série des chapelles de la nef. Ces travaux, vu leur importance et le soin apporté dans leur exécution, durent exiger plusieurs années. En 1296, Matiffas de Bucy, évêque de Paris, commença la construction des chapelles du chœur, entre les contreforts du XIIe siècle, en les débordant de 1m,50 environ. Ce fut alors aussi que l’on refit les grands pinacles des arcs-boutants de cette partie de l’édifice, et que l’on ouvrit, dans la partie circulaire du triforium, de grandes fenêtres surmontées de gâbles à jour, à la place des fenêtres coupées précédemment. Ces ouvrages durent être terminés vers 1310. En même temps que l’on reconstruisait les pignons du transsept (c’est-à-dire vers 1260), on refit, au nord, un arc-boutant à double volée, le premier après le croisillon. C’était un essai de reconstruction des anciens arcs-boutants du XIIe siècle, probablement conservés jusqu’alors autour du chœur, bien que l’on eût fait subir aux fenêtres hautes, vers 1230, le même changement qu’on avait imposé à celles de la nef. Il n’était plus possible de rien ajouter à ce vaste édifice, achevé vers 1230 et remanié pendant près d’un siècle. Son plan ne fut plus modifié depuis lors ; nous le donnons ici (fig. 5) tel qu’il nous est resté[3]. Les tours de la façade demeurèrent inachevées ; les flèches en pierre dont la souche existe au sommet, à l’intérieur, ne furent jamais montées. Une flèche en bois, élevée au commencement du XIIIe siècle, recouverte de plomb, surmonta la croisée du transsept jusqu’à la fin du siècle dernier (voy. Flèche). Ces changements, faits à un monument complet, immédiatement après sa construction, donnent l’histoire des programmes de cathédrales qui se succédèrent en France pendant tout le cours du XIIIe siècle.

Dans l’origine, peu ou point de chapelles, un seul autel principal, le

  1. Époque de la construction de la Sainte-Chapelle. Ces chapelles présentent des détails et des profils identiques avec ceux de ce monument.
  2. Cette claire-voie est restée du côté nord, derrière les couvertures de ces chapelles.
  3. Ce plan est le plan actuel, avec la sacristie bâtie depuis 1845 à la place de l’ancien archevêché au sud.