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À l’instar des tours du moyen âge, la forme circulaire est préférée pour les premiers boulevards comme pour les premiers bastions. Albert Durer trace des boulevards semi-circulaires avec flancs droits en avant des angles saillants des murailles. Il les compose d’une batterie barbette battant les dehors, la contrescarpe et les glacis, et d’une batterie couverte battant les fossés, ainsi que l’indique le plan (8) que nous donnons ici d’après son œuvre. Le boulevard d’Albert Durer est isolé de la courtine par un boyau DD, sorte de fossé couvert par un plancher. Derrière le boulevard sont établies, au niveau du sol de la place, de vastes casemates E (9) destinées au logement de la garnison et au dépôt des munitions (voyez la coupe sur AB du plan, fig. 8).

La batterie couverte est munie de grandes embrasures pour du canon et d’autres plus petites pour les arquebusiers. Des évents et cheminées sont percés au-dessus de chaque embrasure. Les casemates E sont éclairées et aérées par des lunettes percées au milieu de chaque voûte d’arête, comme à Schaffhausen. Contrairement à l’usage adopté jusqu’alors, Albert Durer ne fait pas commander les courtines par le boulevard ; au contraire, ainsi que l’indique la face extérieure (10), il semble admettre que le boulevard étant pris, en détruisant le plancher posé sur le fossé D (fig. 8 et 9), les courtines pourront commander cet ouvrage avancé et empêcher l’assaillant de s’y maintenir[1].

Quelle que fût l’étendue des boulevards semi-circulaires, leurs feux divergents flanquaient mal les courtines ; on comprit bientôt qu’il fallait se préoccuper de défendre les saillants des boulevards plutôt par les feux croisés des boulevards voisins que par leur armement propre ; que l’assaillant tendant toujours à battre les points saillants, il fallait faire

  1. Alb. Dureri, pict. et archit. De struend. aggerib. Parisiis, 1535.