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dans quelques tours fortifiées de la fin du XVe siècle ou du commencement du XVIe[1], et notamment sur les parements de la grosse tour de la porte nord de l’enceinte de Vézelay, bâtie au commencement du règne de François Ier.

Pendant le développement de l’architecture de la renaissance, on voit les bossages se couvrir de divers ornements, tels que vermiculures[2], emblèmes, chiffres, réseaux, etc. Le rez-de-chaussée de la grande galerie du Louvre, du pavillon d’Apollon au pavillon Lesdiguières, nous fournit de nombreux exemples de ce genre de décoration de bossages.

BOSSIL, s. m. Vieux mot qui signifie une braie, un dos d’âne au milieu d’un fossé ; aussi l’escarpement que produit la terre d’un fossé jetée sur berge (voy. Braye).

BOUDIN, s. m. C’est un membre d’architecture de forme cylindrique qui décore les archivoltes, les arcs-doubleaux, arcs-ogives, bandeaux, etc. Dès le IXe siècle, on voit apparaître le boudin dans les arcs-doubleaux pour les alléger. La crypte de l’église cathédrale de Saint-Étienne d’Auxerre présente déjà de gros boudins ou demi-cylindres saillants sur un arc-doubleau à arêtes vives (1). On voit aussi, dans la crypte de l’église Saint-Euthrope de Saintes (commencement du XIIe siècle), des arcs-doubleaux qui ne sont que de gros boudins (2).

Lorsque la voûte en arcs-d’ogives est adoptée pendant le XIIe siècle, la coupe des arcs-doubleaux reste souvent rectangle, et les arcs-ogives prennent un ou trois boudins (3)[3].

  1. Ces bossages hémisphériques se trouvent souvent sur les parements des fortifications élevées au moment de l’emploi régulier de l’artillerie à feu. Ils figuraient évidemment des boulets.
  2. Ce genre d’ornementation est une imitation des effets que produit le salpêtre sur certaines pierres calcaires tendres, particulièrement à l’exposition du sud. Les tailleurs de pierre et les carriers attribuent encore aujourd’hui cet effet singulier de décomposition à l’influence de la lune.
  3. Porche de l’église abbatiale de Vézelay.