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Mais que l’on veuille bien remarquer que ces bases, à plan octogonal irrégulier, ne sont placées que sous les grosses colonnes isolées du rez-de-chaussée ; ces angles abattus ne se trouvent pas aux bases des colonnes engagées d’un faible diamètre. L’intention de ne pas gêner la circulation est ici manifeste[1]. Autour du chœur de la cathédrale de Chartres (commencement du XIIIe siècle), les grosses colonnes qui forment la précinction du deuxième bas-côté sont portées sur des bases dont le socle est cubique, et la plinthe octogonale régulière (27). Mais la position de ces colonnes accompagnant un emmarchement justifie la présence du socle à pan carré. En effet, ces marches interdisant la circulation en tous sens, il était inutile d’abattre les angles des carrés. Ici la griffe est descendue d’une assise ; elle dégage la base dont la plinthe à la portée de la main est franchement octogone. Déjà même le tore inférieur de cette base, pour garantir par sa courbure les arêtes du polygone, éviter la saillie des angles obtus, déborde les faces de ce polygone, ainsi que l’indique en A le profil pris sur une ligne perpendiculaire au milieu de l’une d’elles. En si beau chemin de raisonner, les architectes du XIIIe siècle ne s’arrêtent plus.

À la cathédrale de Reims (28), nous les voyons conserver la plinthe carrée avec ses griffes,

  1. Ces bases de la cathédrale de Paris doivent avoir été taillées et mises en place entre les années 1175 et 1180.