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produisit quelques imitations, les églises abbatiales de Moissac, de Saint-Bertrand de Comminges, entre autres ; ce type ne dépassa pas le territoire où il s’était développé, mais s’y perpétua jusqu’à l’époque de la renaissance. Le midi de la France avait été épuisé par les guerres religieuses pendant les XIIe et XIIIe siècles, il ne pouvait produire que de pauvres édifices ; en adoptant l’église à une seule nef, sans bas côté, comme type de ses monuments religieux, il obéissait à la nécessité, ces constructions étant beaucoup moins dispendieuses que nos églises du nord, avec leurs transsepts, leurs collatéraux, leurs chapelles rayonnantes autour du chœur, leurs galeries supérieures, leurs arcs-boutants et leurs grandes claires-voies à menaux décorées de splendides verrières.

Le souvenir des guerres civiles faisait donner à ces édifices religieux l’aspect de constructions militaires, et beaucoup d’entre eux étaient réellement fortifiés. L’église abbatiale de Moissac avait été fortifiée au moment des guerres des Albigeois ; les cathédrales d’Alby, de Béziers, de Narbonne, et presque toutes les églises paroissiales ou monastiques élevées pendant les XIIIe et XIVe siècles étaient défendues comme de véritables forteresses, adoptaient par conséquent des formes simples, ne prenaient que des jours étroits et rares à l’extérieur, se couronnaient de tours crénelées, de mâchicoulis, s’entouraient d’enceintes, se construisaient sur des points déjà défendus par la nature, n’ouvraient que des portes latérales, détournées souvent, difficiles d’accès, protégées par des défenses (voy. Cathédrale, Église). Après les guerres