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sur la couronne de France ; mais ses sourdes menées et ses projets ambitieux furent déjoués par la politique de la reine Blanche, qui sut enlever à la coalition féodale un de ses plus puissants appuis, le comte de Champagne. Le sire de Coucy fut bientôt obligé de prêter serment de fidélité entre les mains du roi, qui ne voulut pas se souvenir des projets de son trop puissant vassal. C’est à l’époque des rêves ambitieux d’Enguerrand III qu’il faut faire remonter la construction du château magnifique dont nous voyons encore les ruines gigantesques. Le château de Coucy dut être élevé très-rapidement, ainsi que l’enceinte de la ville qui l’avoisine, de 1225 à 1230. Le caractère de la sculpture, les profils, ainsi que la construction, ne permettent pas de lui assigner une date plus ancienne ni plus récente.

Le château de Coucy n’est plus une enceinte flanquée, enveloppant des bâtiments disposés au hasard, ainsi que les châteaux des xie et xiie siècles ; c’est un édifice vaste, conçu d’ensemble et élevé d’un seul jet, sous une volonté puissante et au moyen de ressources immenses. Son assiette est admirablement choisie, et ses défenses sont disposées avec un art dont la description ne donne qu’une faible idée.

Bâti à l’extrémité d’un plateau de forme très-irrégulière, le château de Coucy domine des escarpements assez rapides, qui s’élèvent de cinquante mètres environ au-dessus d’une riche vallée, terminée au nord-ouest par la ville de Noyon et au nord-nord-est par celle de Chauny ; il couvre une surface de dix mille mètres environ. Entre la ville et le château est une vaste basse-cour fortifiée, dont la surface est triple au moins de celle occupée par le château. Cette basse-cour, ou baille, renfermait des salles assez étendues, dont il reste des amorces visibles encore aujourd’hui, enrichies de colonnes et