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ÉLÉMENTS
DE LA
GRAMMAIRE GÉNÉRALE HINDOUSTANIE




INTRODUCTION


Il n’existe en français, pour l’étude élémentaire de l’hindoustani, que les Rudiments de M. Garcin de Tassy ; mais cet ouvrage, publié en 1829 et réimprimé en 1863 presque sans changements, ne répond plus tout à fait aux exigences de la science linguistique moderne. Il paraissait utile, non de le remanier, mais de le compléter pour ainsi dire, en expliquant l’origine de certaines formes et la raison de certaines règles, ce qu’on ne pouvait faire sans jeter un coup d’œil rapide sur les variations locales de la langue vulgaire parlée.

L’illustre professeur dont je viens de citer le nom respecté, avait d’ailleurs le défaut ou le tort tout-relatif d’être un sémitiste, un arabisant distingué. Élève brillant de Silvestre de Sacy, il était arrivé à l’hindoustani par le persan, d’une façon pour ainsi dire analogue à celle dont les Musulmans ont envahi l’Inde. Mais, quelque imbus et pénétrés d’arabe ou de persan que soient l’urdu et l’hindi, ils sont exclusivement indo-européens, fils naturels et légitimes du vieux parler fixé par les hymnes du Vêda, des vieux dialectes uniformisés par le sanskrit classique.

Ces vieux dialectes sont représentés par les prâkrits qui jouent dans l’histoire des idiomes aryens modernes de l’Inde le rôle du Gothique dans le Germanisme ; on sait que les grammairiens indigènes ont distingué quatre prâkrits principaux, le Mahârâṣṭrî (dans