Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

signe qu’il pouvait me quitter ; il disparut, me laissant aux portes de Bagdad. Le shimiel soufflait ardemment ; je fis quelques pas, et je m’étendis auprès d’une fontaine ; une femme d’Arménie me donna à boire. Le soir même, je me retrouvai dans le palais du scheik Ismaïl, près des bazars ; nous causâmes de cette souveraineté du pachalik de Bagdad, qui est déjà presque indépendante du gouvernement de la Porte-Sublime. Je lui parlai aussi de l’Europe : Ben Ismaïl fut plein de distinction et d’amabilité. »

Tullia Fabriana ferma le livre.

— À quoi bon ? dit-elle ; est-ce que je puis m’oublier ?…

Elle se leva, replaça le sombre journal dans la case secrète, la tenture retomba. La marquise revint vers le sphinx ; elle resta debout cette fois, la tête penchée, les paupières baissées.

Évidemment, bien que sa figure n’exprimât rien, son âme s’était rembrunie jusqu’au terrible : elle songeait.