Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

excusables, mais ne cherchait pas à en être la victime.

Un escalier de pierre conduisait intérieurement à la plate-forme des murs qui entouraient les jardins. La nuit, deux énormes chiens de montagne, deux molosses dressés à ce manége, rôdaient sur cette plate-forme et eussent dégoûté ceux qui, d’aventure, pour tel ou tel motif, auraient jugé convenable d’y appliquer des échelles. Leurs aboiements eussent prévenu, d’ailleurs, de la tentative : sur un coup de cloche de Xoryl, une demi-douzaine de nègres gigantesques, armés jusqu’aux dents, se fussent rués, sans bruit, dans les alentours. Et puis, de la fenêtre de Xoryl le regard embrassait le sommet des murailles. La charmante sauvage avait le regard d’un aigle et tirait divinement juste ; sans avoir besoin d’appeler les nègres, elle eût démasqué une lampe aux reflets projetés qui, en tournant sur son support, eût illuminé circulairement la plate-forme comme un éclair. Saisissant alors une petite carabine (une arme bijou, à crosse d’ébène incrustée d’ornements et d’arabesques précieuses, un miracle de précision, dont la mar-