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attristée, lui avait appris ce qu’elle aurait à faire dans l’occasion. C’était simple. Des flèches trempées dans des poisons foudroyants… la nuit… une porte masquée… les jardins… l’une des caisses de chaux dont il y avait une grande réserve sous les dalles…, etc., eussent fait disparaître à tout jamais les traces de celui ou de ceux qui se seraient présentés. Xoryl avait incliné son aimable tête brune en murmurant d’une voix excessivement sourde la formule d’Orient : « Entendre, c’est obéir. » « C’est bien, » lui avait dit Tullia Fabriana, non sans un regard qui était allé lire les pensées dans l’âme de l’enfant, et qui en était revenu satisfait.

Xoryl eût donc parachevé consciencieusement ce travail sans même réveiller Tullia si elle se fût trouvée endormie en ce moment. Le meurtre ainsi que l’anéantissement des victimes n’eût pas duré le chant du rossignol dans les feuilles. Les phases du drame étaient prévues à une minute près. L’écho n’en eût même pas pénétré au travers de ces tentures de velours noir brochées d’or, dont les pans étoffés se massaient de chaque côté des portes intérieures. L’exécution terminée, l’enfant eût fait