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— Ah ! si c’est pour le bien de l’État, je vous pardonne, répondit Fabriana. Bonsoir et bon voyage.

On se leva.

— Qui sait ?… continua-t-elle, vous me reverrez peut-être à Naples bientôt ; l’air y est très-pur. — Au revoir donc, cher prince.

Et elle lui tendit la main. Le prince, amicalement, lui baisa le bout des doigts.

— Je reçois demain, dit-elle en se retournant tout aimable vers Wilhelm. J’espère vous voir dans la soirée, monsieur le comte.

— Votre Grâce est mille fois bonne pour moi, répondit le jeune homme en s’inclinant.

Fabriana restée seule revint s’asseoir à sa place. Son visage avait pris une expression soucieuse et sombre : on n’eût pas reconnu la femme de tout à l’heure en face de cette soudaine transformation. Au bout d’une minute, elle murmura sourdement quelques mots sans suite…, puis elle se leva et sortit du salon.

Le prince et Wilhelm descendirent. Une fois en selle :