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LES PHANTASMES DE M. REDOUX

À Monsieur Rodolphe Darzens.


Ce n’est pas qu’on soit bon, on est content.
Xavier Aubryet.


Par un soir d’avril de ces dernières années, l’un des plus justement estimés citadins de Paris, M. Antoine Redoux, — ancien maire d’une localité du Centre, — se trouvait à Londres, dans Baker-street.

Cinquantenaire jovial, doué d’embonpoint, nature « en dehors », — mais esprit pratique en affaires, — ce digne chef de famille, véritable exemple social, n’échappait cependant pas plus que d’autres, lorsqu’il était seul et s’absorbait en soi-même, à la hantise de certains phantasmes qui, parfois, surgissent dans les cervelles des plus pondérés industriels. Ces cervelles, au dire des aliénistes, une fois hors des affaires sont des mondes mystérieux, souvent même assez effrayants. Si donc il arrivait à M. Redoux, retiré en son cabinet, d’attarder son esprit en quelqu’une de ces songeries troubles, —