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des courtisans et courrouça le cœur ombrageux du roi, dont elle révoltait l’orgueil et l’avarice. Un cruel sourire glissa, aussi, sur ses lèvres en regardant le jeune homme qui, intrépide, ajouta :

— J’attends de toi, Seigneur, le serment royal, par Fô, l’inexprimable dieu qui venge des parjures, que tu acceptes, selon que mon secret te paraîtra positif ou chimérique, de m’accorder cette récompense ou la mort qu’il te plaira.

Tchë-Tang se leva :

— C’est juré, dit-il ; — suis-moi.


Quelques moments après, — sous des voûtes qu’une lampe, suspendue au-dessus de sa charmante tête, éclairait, — Tsë-i-la, lié de cordes fines à un poteau, regardait, en silence, le roi Tchë-Tang, dont la haute taille apparaissait, dans l’ombre, à trois pas de lui. Le roi se tenait debout, adossé à la porte de fer du caveau ; sa main droite s’appuyait sur le front d’un dragon de métal qui sortait de la muraille et dont l’œil unique semblait considérer Tsë-i-la. — La robe verte de Tchë-Tang jetait des clartés ; son collier de pierreries étincelait, sa tête seule, dépassant le disque noir de la lampe, se trouvait dans l’obscurité.

Sous l’épaisseur de la terre, nul ne pouvait les entendre.

— J’écoute, dit Tchë-Tang.

— Sire, dit Tsë-i-la, je suis un disciple du merveilleux poète Li-taï-pé. — Les dieux m’ont donné en