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un jour, avec toute l’énergie et les accents d’une foi vive. Et, d’année en année, ses relations avec l’inquiétant proscrit étaient devenues plus amies, si bien qu’un jour, en Angleterre, où le défenseur était venu visiter son extraordinaire client, celui-ci, se sentant près de la mort lui avait fait présent (en signe d’alliance et de reconnaissance profondes) d’un vieil anneau fleurdelisé dont il tut la provenance originelle.

C’était une chevalière d’or. Dans une large opale centrale, aux lueurs de rubis avait été gravé, d’abord, le blason de Bourbon : les trois fleurs de lys d’or sur champ d’azur. Mais, par une sorte de déférence triste, — pour qu’enfin le républicain pût porter, sans trouble, ce gage seulement affectueux, — le donateur en avait fait effacer, autant que possible, les armoiries royales.

Maintenant, l’image d’une Bellone tendant, sur l’arc fatidique, la flèche, aussi, de son droit divin, voilait de son symbole menaçant, l’écusson primordial.

Or, d’après les biographes, c’était une sorte d’inspiré, d’illuminé, quelquefois, ce prétendant téméraire ! — À l’en croire, Dieu l’avait favorisé de visions révélatrices et sa nature était douée d’une puissante acuité de pressentiments. Souvent, la mysticité solennelle de ses discours communiquait à sa voix des accents de prophète. — Ce fut donc avec une intonation des plus étranges, et les yeux sur les yeux de son ami, qu’il ajouta, dans