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— Les mécontents, résolus à ne désormais frapper qu’à la tête, menacent de faire « exploder » divers quartiers de Paris ?

Nos ingénieurs, souriants, ont répondu :

Rassurez-vous. Les très rares fulminates qui seuls pourraient « produire des déblais » ne se laissent pas manier par des clercs. Les extra-brisants nécessitent une installation très coûteuse et sont d’un transport presque impossible, — à moins d’être additionnés de corps qui en atténuent l’extrême violence. — Vos malveillants, donc, si leur maladresse ne les exécute eux-mêmes en un ridicule vacarme, n’arriveraient guère qu’à se faire assommer, ou mettre en pièces, pour excès de tapage nocturne ; à rien de plus, nous l’attestons.

Nous citons ici, textuellement, les appréciations des premiers experts du Génie civil, notamment celles de M. Paul Chalon, l’auteur du Traité des explosifs modernes[1], représentant de la Compagnie « La Forcite ».


Exaspérés par le dédain de ces réponses qui furent portées à leur connaissance, nos forcenés perturbateurs sentirent s’allumer en leurs cervelles mille projets indigestes et monstrueux. — Terrifier à tout prix ! faire trémuer et trémoler le bourgeois, devint leur idée fixe, leur hantise, — et la mélodie célèbre : « Dynamitons, Dynamitons ! » publiée par toutes nos feuilles, devint leur sifflotement favori.

  1. Paris, Bernard et Cie, éditeurs.