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venue, de ces dérisoires mécomptes, elle devait exiger, dorénavant, quelque ombre, sinon de savoir, au moins de savoir-faire chez ceux qu’elle chargeait de conditionner les grands explosifs de ses rêves.

Bref, étant bien démontré, depuis 1871, le rococo puéril de toutes barricades, ainsi que, depuis Charleroi, l’inanité des grèves, — étant constaté, de même, tout l’anodin, tout le surfait de la dynamite employée à l’air libre… et dont, en résumé, les dégâts se sont réduits, toujours, à si peu de vitres, de moellons et de passants (des adhérents, peut-être !) endommagés, — ces messieurs de l’Avenir sont demeurés, un assez long temps, soucieux.

Durant leur inquiétant silence, l’on a consulté ceux de nos ingénieurs d’État les plus versés en pyrotechnie, — ceux qui, par exemple, avec la gomme du syndicat Nobel, rompent les isthmes les plus rocheux, ceux qui, avec la paléine du colonel Lanfrey, précipitent, en quelques coups de mine, dans l’Océan, les promontoires qui gênent la navigation, ceux qui, avec la forcite-gélatine du capitaine suédois Lewin, font couler à pic, en trois minutes et d’un seul choc de torpille, des monitors de vingt millions, ceux qui, avec la lithoclastite au toluène de M. Turpin, forent des montagnes de granit presque aussi aisément que s’ils s’attaquaient à pains de margarine, — ceux qui, avec la douce mélinite, disséminent, comme à La Fère par exemple, tout un pan de forteresse d’une seule percussion d’obus.

Or, à cette question qui leur fut posée :