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continuée sembleront, dans l’impression qui ressortira de leur ensemble, le tout naturel revers l’une de l’autre.

À Ville-d’Avray, par un clair soleil d’hiver, sur les quatre heures et demie d’une récente relevée, un brun mendiant, assez bien pris, même, en ses haillons, se tenait debout, — au coin de la grille ouvragée, grande ouverte, — à l’entrée d’une maison de plaisance aux persiennes fermées, dont il semblait l’inconscient factionnaire. La voûte prolongée du porche, derrière lui, aboutissait à des jardins : c’était en l’une des rues — à peu près désertes, à cette heure-là surtout ; — les villas étant closes depuis septembre.

La tête fatiguée de jeûnes, pâlie et profondément triste de ce nécessiteux prenait donc on ne sait quelles inflexions d’inespérance ; parfois, avec un soupir dont le souffle lui gonflait les narines comme des voiles, il élevait de grands regards, presque mystiques, vers les nuées du soir, — vers les mouvantes cuivreries solaires que déjà bleutait vaguement le crépuscule.

Autour de lui, par les frigidités aériennes, flottaient de lointaines odeurs de fleurs sèches, émanées des environs de cette localité champêtre, — et aussi saines de senteurs de paille et d’herbées, provenues, celles-ci, d’une assez épaisse litière de frais fourrages nouveaux, entassée au long du mur, près de lui, sous l’entrée même de la riante habitation.

Soudain, là-bas, au détour d’une buissonneuse venelle, apparut, s’engageant, à petits pas pressés,