Page:Villiers de L’Isle-Adam - Derniers Contes, 1909.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui vient, la nuit, mander le pain bénit : « — Mon cher Judas, vous avez peut-être avancé, dans vos livres, des choses un peu trop « proditoires » ?… » Allons donc ! N’est-ce pas à coups de fouet que Jésus-Christ chassa du Temple ces vendeurs ! — Comment les appelait-il ?… « Race de vipères ! »

Le paysan ne se gante pas pour se saisir d’une trique devant les voleurs. Mon père, je ne suis qu’un paysan, comme le Grand-Ferré, qui tua beaucoup d’Anglais pour la patrie. Laissez-moi, dé grâce, continuer ma besogne.

— Saint Benoît nous prescrit la douceur, dit l’Abbé. Vous feriez un bénédictin rebelle.

— Mais un bon dominicain, je crois !… hasardai-je en souriant.

Une cloche, sonnant la prière, interrompit cette causerie, — dont je me suis souvenu, par un radieux midi de printemps, voici, déjà, trois années ! — en face du cercueil de ce grand soldat de la foi chrétienne.