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puis, nous ayant bien regardés, il m’offrit la main et m’accueillit à son foyer. — Luïsa mit deux verres sur la nappe blanche. Ah ! ce bon kirsch si clair, qu’elle sait préparer si bien ! Elle nous versa, pendant la causerie, avec sa douce main… La nuit étant venue tout à fait, comme elle me disait au revoir sur le seuil, je lui mis au doigt ce familial anneau qui m’était sacré. — Silencieuse, elle m’embrassa au front : ses yeux étaient graves, et deux belles larmes tombèrent de ses cils sur mes paupières. — Je m’enfuis ! J’étais si heureux que je me mis à pleurer dans les bois. J’étouffais ! Holf aboyait et me tirait joyeusement vers la maisonnette. — Ah ! Luïsa Gluck ! C’est du ciel, — et c’est du feu que son baiser : j’ai dans l’âme un désir si délicieux d’elle, que je ne peux pas respirer, tant j’en suis amoureux, et tant je l’aime ! — Nous nous épouserons à l’automne : au plus tard ! — Je suis… je suis heureux ! — Seulement, si l’un de vous trois se permettait de mourir avant les noces, — ah !… je me fâche !

Gotthold

Je serai ton garçon d’honneur, Ukko.

Ukko, riant et tirant la longue barbe de Gotthold

Merci, mille et mille fois !