Page:Villiers de L’Isle-Adam - Axël, 1890.djvu/191

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le Commandeur, avec une crispation de froide colère

Laissez-donc ! C’est vous qui ne parlez que d’hier, étant l’imprévoyant de demain. Je me contente, moi, monsieur, d’être un homme doué de quelque raison, de ne dater que du siècle où j’existe, — d’être, seulement, un homme d’aujourd’hui.

Axël

Alors, prenez garde : il est tard.

Le Commandeur, se contenant encore, mais frémissant, presque à lui-même

Me voir contraint de coucher, moi-même, sur le carreau, cet exalté solennel, alors que, sur ses paroles rapportées au roi, quelque bonne poignée de gardes-policiers, sur simple licence d’extradition, s’en viendrait, incontinent, le garrotter en cette masure et l’emporter, muselé, dans une forteresse !

Ukko, à demi-voix

Un signe, et je fais feu, monseigneur.

Le Commandeur, se croisant audacieusement les bras

Eh bien, assassinez ! — ou, selon votre parole engagée, répondez, nettement, à cette suprême