Page:Villiers de L'Isle-Adam - Tribulat Bonhomet, 1908.djvu/287

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nos sommités, pour se défaire de ses instances, lui avait conseillé le « lait humain » comme palliatif, sinon même comme sédatif.

L’idée de cette médication, si anodine qu’il la préjugeât, avait singulièrement souri à Bonhomet. S’étant donc transporté au bureau de nourrices le plus en vogue, son choix, après mûr examen, se fixa sur une forte et luxuriante Cauchoise, à coiffe immense, à suivez-moi, jeune homme ! ponceaux et flottants jusqu’à terre : il l’avait emmenée sur-le-champ, dans son carrosse, au grand trot, chez lui.

Là, quand il l’eut guidée, en silence, à travers le labyrinthe des vastes salons interminables, déserts et crépusculaires, aux lustres éternellement enveloppés en des voiles de gaze, aux meubles toujours dissimulés sous des housses poudreuses, il arriva qu’au troisième salon, la nourrice prit peur et de-