Page:Villiers de L'Isle-Adam - Tribulat Bonhomet, 1908.djvu/255

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lègre ! Je fis fondre, à la dérobée, une praline dans ma joue droite, tout heureux de ma quiétude d’esprit.

Qu’avais-je à craindre, en effet ? — Son mari avait cela de bon, pour le moment, qu’il était mort.

— N’ayez pas peur, je suis là ! lui dis-je, pour la calmer. Je n’ai pas tous les jours des paniques aussi irréfléchies que celle qui me mit en fuite le premier soir de votre veuvage ! Je conviens que ce mouvement nerveux fut, chez moi, déraisonnable !

— Oh ! malheureux ! dites que c’est le seul et inconscient éclair de Raison, de véritable Raison, que vous ayez eu depuis le jour de votre naissance ! dit Claire, toujours accoudée ; dites et surtout pensez cela !

Elle eut une espèce de gloussement diabolique ; le sang lui obstruait la gorge.

— Oh ! le morne souffle des réprouvés !