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qu’il soit beaucoup d’hommes et de femmes, conformes à leur notion, dans l’Humanité terrestre ? L’homme n’est qu’un animal divin, différencié des autres par l’Idéal ! — Et celui en qui le souci des choses-éternelles n’est pas en éveil sans cesse au fond de sa conscience, celui-là tient encore de l’animal et n’est pas tout à fait sorti des ténèbres : celui-là n’est pas l’Homme, en réalité, et l’expression de sa physionomie le trahit à chaque instant, malgré sa forme apparente. De même la Femme conforme à sa notion est celle qui, reflétant les espérances sublimes, comme une glace limpide et profonde, élève l’amour et l’espérance au delà de la Mort. Pensez-vous que de tels êtres soient nombreux dans notre espèce ? Allons ! soyez-en persuadé, les villes sont semblables aux forêts, — et il n’est pas difficile d’y retrouver les bêtes féroces.